Mort au bureau

2022
Pascale LeBlanc Lavigne
Installation cinétique, sonore et connectée

Au cours des deux dernières années, les espaces de bureau furent désertés au profit du télétravail. Rapidement, plusieurs y ont vu certains avantages :
Fini les vestons et les pantalons
Fini les préparations matinales empressées
Fini l’heure passée dans les transports en commun à répondre bénévolement aux courriels du bureau
Fini les gargouillis de bedon gênants dans l’attente impatiente du dîner
Fini la culpabilité engendrée par un énième oubli du dit lunch qui se fait encore remplacer par un médiocre Subway

Néanmoins, comme plusieurs en ont fait le constat, ces avantages s’accompagnent entre autres d’une confusion entre la vie personnelle et professionnelle, d’une intensification du travail et d’un certain isolement social. Finalement il nous manque, ce collègue qui faisait du café pour tout le monde à 13h30.
L’installation Mort au bureau est le fruit d’une résidence de création intensive réalisée à Sporobole, dont les prémisses émergent d’un sentiment oscillant entre la joie et le désespoir que soulève le potentiel retour au travail en présentiel. Par l’entremise d’une mise en scène aux couleurs festives, diverses sculptures bricolées à partir d'objets et de mobiliers emblématiques des espaces de travail mettent à l’épreuve leur résistance sous les répétitions brusques de mouvements motorisés. Un bureau renversé, une poubelle tournoyant sur elle-même, une panoplie de post-it actionnée par des moteurs virevoltant dans tous les sens, sont quelques éléments propices à cette exploration.
Le projet – cinétique, sonore et connecté – se trouve ainsi présenté en deux lieux à la fois, scindé en deux parties : d’une part l’installation qui occupe la galerie de Sporobole, à Sherbrooke; et d’autre part celle présentée à Eastern Bloc, à Montréal. Cette délocalisation est par ailleurs reliée à l’aide d'une caméra de surveillance, installée dans la galerie de Sporobole. La chorégraphie désarticulée qui a cours à Sherbrooke est transmise en direct via un ordinateur de bureau, élément clé de l’installation située à Montréal. Et où, de part et d’autre de la table de travail et au mur, s’animent et se dégradent également des objets et mobiliers propres aux espaces de bureau.



Bio

Pascale LeBlanc Lavigne réalise des œuvres cinétiques et sonores imprécises qui, de ce fait, mettent à l’épreuve leur propre structure. Malgré la précarité de leurs assemblages, ses réalisations sont conçues avec l’intention de générer des formes aux échos poétiques, dans un état transitoire qui se situe entre création et destruction. Elle est titulaire d’un baccalauréat et d'une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’Université Laval. Ses œuvres ont été présentées lors de plusieurs expositions et festivals d'arts actuels à l’international et lors de nombreuses expositions individuelles et collectives au Québec.